CISELURE (orfèvrerie)

CISELURE (orfèvrerie)
CISELURE (orfèvrerie)

CISELURE, orfèvrerie

Intimement liée aux techniques de l’art des métaux précieux, l’or ou l’argent, la ciselure, phase terminale de la réalisation d’un ouvrage d’orfèvrerie, consiste à décorer celui-ci en y exécutant divers ornements, selon un relief plus ou moins accentué.

Le principe de la ciselure repose sur la ductilité des métaux précieux, qualité qui leur est propre et selon laquelle ils peuvent être travaillés à froid.

La ciselure s’effectue à l’aide de ciselets, mis en mouvement par l’action d’un marteau. Les ciselets sont de petits outils d’acier, longs d’environ 10 centimètres, dont l’extrémité présente une terminaison particulière à chacun d’entre eux, en fonction du motif désiré. Les ciselets, d’une infinie variété, ne doivent pas être confondus avec divers instruments tranchants, tels que les ciseaux ou les burins; en effet, contrairement au sculpteur ou au graveur, l’orfèvre ne travaille pas par enlèvement de matière mais par simple déplacement de celle-ci; une telle précision se comprend davantage si l’on considère le caractère précieux de la matière mise en œuvre: l’orfèvre a toujours pour préoccupation de ne pas diminuer le poids final de son ouvrage.

La ciselure s’effectue sur l’objet précédemment mis en forme et immobilisé sur le boulet, à l’aide du ciment, composé de suif, de résine et de goudron. La ciselure peut s’effectuer de deux manières: soit en attaquant le métal par la face qui devra rester visible, c’est le défoncé, soit par le revers, c’est le repoussé. Dans le premier cas, le décor présentera un relief en creux, dans le second cas, au contraire, on obtiendra un relief saillant.

Une des applications les plus caractéristiques de la ciselure au défoncé est le décor au tracé-mati, ainsi désigné car il combine le dessin au trait avec des effets de surfaces amaties; celles-ci ont été rendues mates par la création d’innombrables petits creux contigus, effectués à l’aide de ciselets particuliers, les matoirs, ou outils mats. De tels décors, particulièrement en vogue en France, durant le premier tiers du XVIIIe siècle, période d’épanouissement du style improprement appelé régence, ne doivent pas être confondus avec la gravure effectuée au burin; du reste, contrairement à cette autre technique, la ciselure au tracé-mati se décèle aisément par l’examen du revers de la pièce, où apparaît la contrepartie du motif, en relief inversé.

La ciselure au repoussé ne soulève aucun problème particulier lorsqu’il s’agit de décorer une pièce de forme plane, d’un volume ouvert. En revanche, il n’en est pas de même lorsque la pièce, par exemple un vase ou une cafetière, est fermée et présente une étroite encolure, ce qui rend son revers inaccessible aux outils. Le ciseleur a alors recours à l’usage de la recingle, outil d’acier long d’environ 20 à 30 centimètres et pourvu de deux coudes à 90 degrés, opposés l’un à l’autre; l’une des extrémités de la recingle est prise dans un étau, tandis que l’autre, dont la pointe tient lieu de ciselet, peut pénétrer à l’intérieur de l’objet, au revers de la surface à repousser; un coup de marteau donné sur le coude pris dans l’étau se répercute, grâce à l’élasticité du métal, en sens inverse, à l’autre extrémité de l’outil. Ainsi, alors que ce dernier est invisible, le ciseleur, grâce à un savoir-faire très particulier, parvient à composer les décors les plus complexes, là même où sa main ne peut accéder.

Enfin, la ciselure intervient sur toutes les parties ornementales qui ont pu être exécutées à part, à la fonte, et auxquelles elle conférera les plus menus détails. C’est donc en grande partie au ciseleur qu’est due la qualité finale et décorative d’un ouvrage d’orfèvrerie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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